April 4, 2025

Indemnités de licenciement au Maroc

Le calcul et le versement des indemnités de licenciement au Maroc répondent à des règles précises fixées par le Code du travail. Quels sont les différents types d'indemnités prévus ? Quelles sont les conditions pour en bénéficier ? Comment se déroule la procédure de licenciement ? 

Les différents types d'indemnités de licenciement

L'indemnité légale de licenciement représente un droit pour tous les salariés en CDI au Maroc. Son montant, fixé par le Code du travail, est calculé en fonction de l'ancienneté du salarié au sein de l'entreprise. Selon l'article 53 du Code du travail, cette indemnité correspond à un nombre d'heures de salaire par année travaillée, allant de 96 heures pour les 5 premières années jusqu'à 240 heures au-delà de 15 ans d'ancienneté. Le calcul s'effectue en divisant le salaire mensuel brut par 191 pour obtenir le salaire horaire de référence.

Indemnité de préavis

L'indemnité de préavis est due au salarié lorsque l'employeur décide de rompre le contrat sans lui faire effectuer le préavis prévu. Son montant équivaut au salaire que le salarié aurait perçu s'il avait travaillé durant cette période de préavis. La durée du préavis, généralement comprise entre 1 et 3 mois, est déterminée en fonction de l'ancienneté et du statut du salarié.

En cas de faute grave rendant impossible le maintien du salarié pendant le préavis, cette indemnité n'est pas due. Il est donc important de bien qualifier le motif de licenciement pour savoir si le préavis doit être effectué ou payé. En dehors des cas de faute grave avérée, la rupture unilatérale du CDI par l'employeur oblige à respecter un délai de préavis et à verser l'indemnité correspondante.

Conditions d'éligibilité aux indemnités

Pour pouvoir prétendre aux indemnités de licenciement, le salarié en CDI doit justifier d'une ancienneté au sein de l'entreprise. La loi marocaine fixe ce seuil minimal à 6 mois de présence continue dans la même société. En dessous de cette durée, le salarié licencié n'aura pas droit aux indemnités légales de licenciement prévues par le Code du travail.

Il est donc primordial de bien calculer la date d'entrée en fonction du salarié pour déterminer s'il remplit ou non ce critère d'ancienneté minimale. Cette condition s'applique uniquement à l'indemnité de licenciement, le préavis et l'indemnité de congés payés étant dus dès le 1er jour d'embauche. La date d'acquisition de ce droit est un élément à vérifier en cas de licenciement.

Motifs de licenciement ouvrant droit aux indemnités

Le versement des indemnités de licenciement n'est obligatoire que si le licenciement intervient sans motif valable. Seule une faute grave et prouvée du salarié, comme un vol, un abandon de poste prolongé ou une insubordination répétée, peut justifier un licenciement immédiat sans indemnités.

Dans toutes les autres situations de licenciement, que ce soit pour motif personnel ou pour raison économique, l'employeur est tenu de verser au minimum les indemnités légales de préavis et de licenciement. Il doit soit démontrer l'existence d'une faute grave et caractérisée, soit respecter ses obligations indemnitaires telles que définies par la loi. Le motif invoqué aura donc un impact sur les droits du salarié licencié.

Procédure de licenciement à respecter

Toute procédure de licenciement doit débuter par la convocation du salarié à un entretien préalable. Cette convocation doit être adressée par écrit au moins 5 jours ouvrables avant la date fixée pour l'entretien, par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge. L'objectif est d'informer le salarié des motifs de la décision envisagée et de recueillir ses explications.

Lors de cet entretien, le salarié a le droit de se faire assister par un représentant du personnel. L'employeur doit indiquer cette faculté dans la lettre de convocation. Un procès-verbal de l'entretien doit être rédigé et signé par les deux parties. L'absence d'entretien préalable ou le non-respect des formalités requises rendent le licenciement abusif et ouvrent droit à des dommages et intérêts pour le salarié.

Notification écrite du licenciement

Une fois l'entretien préalable réalisé, si l'employeur confirme sa décision de licencier, il doit obligatoirement envoyer une lettre de licenciement au salarié. Cette notification écrite doit mentionner le ou les motifs justifiant la rupture du contrat de travail. Elle doit être expédiée en recommandé avec accusé de réception dans un délai maximal de 48h après l'entretien.

Le respect de ce formalisme est essentiel pour prouver la régularité de la procédure. Des modèles types de lettres sont disponibles pour s'assurer de la conformité de la notification. Tout manquement à ces obligations de forme et de délai expose l'employeur à des sanctions et au versement de dommages et intérêts au salarié en cas de contestation devant les tribunaux. La procédure de licenciement au Maroc est encadrée.

Formalités et documents de fin de contrat

Au-delà de la notification du licenciement, l'employeur doit remettre au salarié un nombre de documents à la fin du contrat :

  • Un certificat de travail mentionnant la durée du contrat et les fonctions occupées
  • Une attestation Cnss de déclaration de départ
  • Un reçu pour solde de tout compte détaillant les sommes versées (indemnités, salaire, congés payés...)
  • Un exemplaire de la déclaration de salaires (modèle Cnss)

Ces documents permettent au salarié de faire valoir ses droits et de justifier de son ancienneté pour ses futurs emplois. Ils doivent être délivrés au plus tard le dernier jour de travail effectif. En cas de non remise dans les délais, le salarié est en droit de réclamer des dommages et intérêts. L'employeur doit veiller au respect de ces formalités administratives de fin de contrat.

Calcul et versement des indemnités

Le montant des indemnités légales de licenciement se calcule en multipliant le salaire horaire par un nombre d'heures déterminé selon l'ancienneté. L'indemnité va ainsi de 96 heures de salaire par an pour les 5 premières années jusqu'à 240 heures par an après 15 ans d'ancienneté.

Par exemple, pour un salarié ayant 7 ans d'ancienneté, les 5 premières années seront indemnisées à hauteur de 96 heures chacune (96h x 5 x salaire horaire) et les 2 années suivantes à hauteur de 144 heures chacune (144h x 2 x salaire horaire).

L'indemnité de préavis, quant à elle, équivaut au salaire que le salarié aurait perçu pendant la durée du préavis s'il n'avait pas été dispensé de l'effectuer. Elle se calcule donc en multipliant le salaire journalier par le nombre de jours calendaires de préavis prévus en fonction de l'ancienneté.

À ces deux indemnités principales s'ajoutent également :

  • L'indemnité compensatrice de congés payés correspondant aux congés acquis et non pris
  • D'éventuels dommages et intérêts en cas de licenciement abusif (1,5 mois de salaire par année d'ancienneté plafonné à 36 mois)

Le calcul des indemnités de licenciement répond donc à des règles précises permettant de garantir les droits des salariés.

Éléments de rémunération pris en compte

Les indemnités de licenciement se calculent sur la base du salaire brut, en prenant en compte non seulement le salaire de base mais aussi accessoires et compléments de rémunération. Sont ainsi inclus dans l'assiette de calcul :

  • Le salaire fixe mensuel
  • Les primes contractuelles versées de manière régulière (13e mois, prime d'ancienneté, prime de bilan...)
  • Les avantages en nature récurrents (voiture, logement, nourriture...)
  • La moyenne des commissions, primes sur objectifs et bonus variables perçus au cours des 12 derniers mois
  • Les heures supplémentaires habituelles figurant chaque mois sur le bulletin de paie

Les remboursements de frais professionnels et les primes exceptionnelles sans caractère de récurrence sont exclus du calcul. Si le salarié perçoit une rémunération variable, il faut se baser sur le salaire moyen des 12 mois précédant le licenciement.

Pour ne pas sous-estimer le montant des indemnités dues, l'employeur doit être vigilant à bien prendre en compte tous les éléments entrant dans le calcul. En cas de doute, il est recommandé de se rapprocher d'un expert-comptable ou d'un avocat spécialisé.

Modalités de versement et régime fiscal

Les indemnités de licenciement et de préavis doivent être versées avec le dernier salaire et figurer de manière détaillée sur le reçu pour solde de tout compte remis au salarié. Le paiement doit intervenir le dernier jour de travail effectif au plus tard, sous peine de dommages et intérêts.

Au niveau fiscal, les indemnités de licenciement bénéficient d'un régime de faveur. Elles sont exonérées d'impôt sur le revenu dans la limite d'un plafond fixé à 1 million de dirhams. Au-delà de ce seuil, elles sont soumises au barème progressif de l'IR.

Lorsqu'elles résultent d'un accord de conciliation entre employeur et salarié pour éviter un contentieux, les indemnités de licenciement sont intégralement exonérées d'IR, sans limitation de montant. Cette mesure vise à favoriser les départs négociés et à désengorger les tribunaux.

Les dommages et intérêts pour licenciement abusif obéissent au même régime fiscal que les indemnités légales. Ils ne sont imposables qu'au-delà du plafond d'exonération de 1 million de dirhams.

Le versement des indemnités de licenciement s'inscrit donc dans un cadre légal strict, aussi bien en termes de délais que de régime social et fiscal.

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